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Au commencement du siècle, le nombre des naissances illégitimes était très minime: ainsi pour la période de 1800 à 1820, il ne naît que 9 enfants naturels sur 156 (soit environ 6 %). Pour la période de 1821 à 1843, sur 307 naissances, 22 seulement sont illégitimes. La période de 1821 à 1826 intervient dans ce chiffre pour 10 unités à elle seule.

Les chiffres sont plus favorables encore pour la période suivante (1844-1866): nous ne relevons que 10 naissances illégitimes sur 271. Le chiffre de la période 1867-1889 est moins bon, un nombre total de 255 naissances donne 16 illégitimes. La situation demeure à peu près la même pour les années suivantes 1889-1905 sur 233 naissances, 14 sont illégitimes.

Nous ferons cependant remarquer que pour un certain nombre d'enfants légitimes la conception doit être reportée hors mariage.

Les statistiques de la mortalité infantile peuvent faire l'objet d'une étude très intéressante.

Nous avons examiné celles des années 1891 à 1904 inclus. Nous relevons, en 1891, douze naissances, quatre de ces douze enfants étaient décédés dans la commune, à la date du 31 décembre 1904, et tous les quatre l'étaient pendant l'année de leur naissance (1891). On remarquera au simple examen des tableaux que nous donnons en appendice que la mortalité est très faible au delà de 1 an et que la période la plus critique pour l'enfance est de 0 à 1 an (1). A quoi faut-il l'attribuer? Nous sommes fort tentés de dire que c'est au manque de soins intelligents de la part des mères que cette situation est due. L'enfant n'a pas 6 mois qu'on lui fait absorber du pain et d'autres aliments solides! Ensuite, on est malheureusement trop imbu de ce préjugé, qu'à une maladie d'enfant il n'y a pas de remède, alors que, au contraire, l'organisme encore neuf du

(1) Sur 38 décès d'enfants de moins de 14 ans survenus pendant la période 1891-1904, nous relevons 25 décès d'enfants de moins d'un an.

petit être offre une force de résistance que l'on ne retrouve point dans l'organisme d'une personne adulte. Nous relevons aussi une mortinatalité assez grande : pendant la même période dix enfants sont mort-nés, alors que 203 sont nés vivants. Les mort-nés constituent environ un vingtième de toutes les naissances. Jusqu'en ces dernières années, le médecin était trop rarement appelé en matière d'accouchements, et beaucoup de sages-femmes ne se trouvaient pas à la hauteur de leur art. Constatons avec joie que, depuis deux ans, le service médical, notamment celui des indigents, est bien nieux organisé.

Pendant les dernières années, l'excédent des naissances sur les décès a été, nous l'avons dit, de six unités. Nous sommes donc rentrés dans la situation normale, mais nous constatons, par contre, pour cette même période, un excédent très considérable des sorties sur les entrées. Ainsi, pendant les douze dernières années, le registre de la population constate 212 (1) sorties, et, seulement 112 entrées, il y a donc eu une forte émigration, et si un excédent plus fort des naissances sur les décès n'était venu compenser ce déchet, notre population aurait, à coup sûr, notablement diminué.

Quelle raison donner à cette émigration?

Nous pensons qu'elle trouve son explication dans un phénomène sur lequel nous aurons, plus d'une fois, l'occasion de revenir le peu d'inclination de nos jeunes gens pour le mariage. Beaucoup de jeunes filles, surtout celles qui sont en service, se marient ailleurs. Au surplus, l'appât de grosses

(1) Il importe cependant de remarquer que ce chiffre de 212 pourrait bien ne pas correspondre au chiffre réel. Avant 1894, les registres de la population étaient assez imparfaitement tenus, et on négligeait parfois de consigner les sorties effectives. A partir de 1894, l'inscription sur les registres de la population devenant la base du droit électoral, on a été obligé d'apporter plus de soin à la tenue de ces livres. On a peut-être régularisé alors en droit des sorties effectives remontant à plusieurs

années.

journées et des gros gages fait que l'élément jeune, masculin comme féminin, tend à quitter la campagne et à se fixer dans les villes et les centres industriels. Il serait assez intéressant de montrer comment se décomposent au point de vue de l'âge, du sexe, de la classe sociale, de la provenance et de la destination, le chiffre des entrées et des sorties; malheureusement les données du registre des entrées et de celui des sorties sont très peu complètes. En les parcourant, nous avons cependant pu constater que l'immigration se compose principalement de domestiques venant servir dans les fermes et de quelques ménages ouvriers attirés peut-être par les conditions avantageuses de la vie dans la commune, pour profiter de la ressource qu'offre un bureau de bienfaisance jouissant de revenus considérables. L'émigration, hormis celle des domestiques étrangers qui quittent parfois la commune peu de temps après leur entrée, se compose principalement de jeunes gens et jeunes filles émigrant vers Bruxelles, Liége et la banlieue hesbignonne avoisinant cette dernière ville.

La langue universellement parlée est le flamand, cependant beaucoup d'habitants connaissent un peu le français pour l'avoir appris soit à l'école moyenne, soit en travaillant en pays wallon. Le voisinage de la province de Liége rend utile la connaissance des deux langues (1). Nous ne saurions clore ce chapitre sans dire un mot des conditions physiques de la race, qu'on ne saurait ranger parmi les plus robustes. Les maladies de poitrine sont assez fréquentes, et l'on peut se demander si l'habitude de l'alcool et les unions fréquentes entre personnes d'une même parenté ne contribuent pas à l'affaiblissement de la constitution de nos campagnards.

(1) Au 31 décembre 1905, il y avait à Grand-Jamine 1 personne de sexe féminin ne parlant que le français et 395 personnes ne parlant que le flamand; 77 parlaient les deux langues.

CHAPITRE III.

Le travail et la culture.

On comprend qu'à raison de la situation de la commune en pays de bonne culture, la seule industrie y exercée est l'industrie agricole.

C'est donc au travail des champs que sont occupés la plupart des habitants valides, soit à titre de patron, fils ou fille de patron, ouvrier, domestique ou servante de ferme.

Le tableau relatif à l'importance des exploitations nous a montré que la petite et la moyenne culture prédominent. Il n'existe, en effet, que quatre exploitations de plus de 30 hectares et il n'y a dans toute la commune que deux fermes occupées par des locataires. Toutes les autres exploitations se composent de terrains dont le cultivateur est pour partie propriétaire et pour partie locataire. Un grand propriétaire exploite pour son propre compte quelques terres arables et un lot considérable de prairies; pour le surplus, ses biens sont répartis en location entre la plupart des cultivateurs de la

commune.

Il n'est que six exploitations qui emploient plus de trois chevaux de trait et utilisent par conséquent le chariot.

La moyenne culture est, au contraire, représentée par une dizaine d'exploitations employant deux et trois chevaux.

La petite culture (exploitations n'utilisant qu'un cheval ou la traction au moyen de bovidés (koeiboeren) est de loin prédominante. Vingt-sept petits fermiers cultivent avec l'aide d'un cheval et de plusieurs vaches, treize détenteurs de terres se servent d'une force animale louée ou même souvent empruntée.

Même dans la petite culture, l'emploi du cheval est demeuré

TOME V. LETTRES, ETC.

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général, à l'inverse de ce qui s'est passé dans d'autres régions du pays (1).

Il y a à cela. plusieurs raisons. D'abord la disposition du terrain qui est assez accidenté; ensuite la nature des cultures qui nécessitent des transports pondéreux; enfin, le morcellement et l'éloignement des parcelles (2) composant l'exploitation qui exige un nombre considérable de bêtes de trait. Certains aussi croiraient déchoir s'ils supprimaient le cheval pour le remplacer par le bœuf ou la vache.

Cultures. Les cultures prédominantes sont, nous l'avons dit, celles de la betterave à sucre et des denrées et fourrages servant à l'alimentation du bétail (3). Les céréales, en tant que destinées à la vente, ne sont plus guère cultivées, leur cours n'étant plus rémunérateur, mais il en est consommé de fortes quantités pour l'alimentation du bétail.

Nous sommes bien loin aujourd'hui de l'époque où, le froment se vendant à 30 francs, les céréales occupaient la grande partie de la culture; actuellement elles interviennent encore pour 208 hectares 36 ares (seigle: 80 hectares 35 ares, froment: 65 hectares 34 ares, avoine: 62 hectares 67 ares).

(1) Voir Monographie : « Au pays des fruits et du houblon », par le chanoine APPELmans, Bruxelles, 1905, p. 13.

(*) Il en est ici comme dans le pays qu'étudie M. le chanoine Appelmans: « les terres faisant partie d'une métairie ne forment presque jamais un bloc; elles constituent des parcelles fort distantes entre elles et fort distantes des bâtiments de ferme ». (Op. cit., p. 13.) La loi qui accorde des faveurs fiscales pour les échanges de terrains situés dans une même commune ou dans des communes voisines est encore peu connue dans la région; mais il arrive souvent que les paysans, pour éviter les inconvénients très onéreux du morcellement, font entre eux l'échange temporaire des terrains qu'ils détiennent. On se passe en général du consentement du propriétaire en ce qui concerne l'échange de biens loués.

(3) Voici l'assolement le plus usité: seigle ou avoine, trèfle, froment, betteraves, avoine, pommes de terre.

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