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Jadis comme maintenant le seigle était presque entièrement consommé sur place, tandis que le froment était destiné uniquement à la vente.

Il résulte d'une statistique dressée par l'administration communale en 1840 (1) que, sur 1,200 hectolitres de froment produits annuellement, 100 seulement étaient consommés sur place, alors que, par contre, sur 1,150 hectolitres de seigle, 1,000 étaient consommés dans la localité; 2,400 hectolitres d'avoine sur 2,500 servaient à l'alimentation des chevaux des producteurs. On ne cultivait à ce moment, comme maintenant, que très peu d'orge; sur 125 hectolitres, 75 sont employés sur place.

Le battage en grange occupait alors des ouvriers tout l'hiver durant et parfois même pendant une partie de l'été. Ce travail était généralement effectué à la tâche; actuellement, le battage à la main tend de plus en plus à diminuer, il n'est plus guère pratiqué que chez les petits cultivateurs par les membres de la famille et, dans une très médiocre mesure, chez les grands et moyens fermiers pour donner de l'emploi aux ouvriers pendant les mauvais jours de l'hiver.

On se demande parfois pourquoi les cultivateurs produisent encore les céréales pour l'alimentation animale, alors que celles-ci pourraient être facilement remplacées par d'autres matières d'une valeur nutritive plus considérable. On oublie alors que les céréales ont leur place marquée dans un assolement régulier et que le fermier qui a besoin de paille et de fumier ne saurait se passer de les cultiver.

Il n'est pas sans intérêt de connaître le rendement moyen des céréales récoltées dans la commune. Le voici tel qu'il nous est renseigné par des cultivateurs compétents froment et seigle, 2,300 kilos à l'hectare; avoine, 3,450 kilos à l'hectare.

De l'opinion de ces mêmes cultivateurs, ce rendement est à peu près double de ce qu'il était vers le milieu du siècle dernier.

(1) Voir archives de la commune, registre de la correspondance, 1840.

Betteraves à sucre. La betterave constitue, surtout aux années où le sucre est en hausse, la branche de la culture qui demande le plus de soins. Elle a l'avantage de donner des sous-produits, comme les feuilles et les pulpes qui servent à l'alimentation du bétail.

La culture de la betterave industrielle a commencé dans la commune après 1845, à la suite de l'établissement d'une sucrerie à Ordange. Les premiers contrats intervenus entre les fermiers et le fabricant présentaient une certaine originalité. Les cultivateurs s'engageaient à bien fumer et à bien préparer la terre qu'ils destinaient à la culture betteravière; de son côté, la sucrerie faisait les travaux d'ensemencement, de binage, de récolte et servait au cultivateur, pour l'usage de son terrain, une indemnité de 20 francs par verge de 4 ares 36, soit environ 460 francs par hectare.

Tant qu'on demeura imbu de cette idée que la betterave appauvrissait le sol, auquel elle enlevait des éléments que la fumure ne parvenait à lui rendre qu'après de longues années, la culture de cette racine ne prit point une extension notable; mais la vulgarisation de l'usage des engrais chimiques amena une véritable révolution à cet égard.

L'intervalle entre les emblavements en sucrières d'une même parcelle fut réduit et les emblavements eux-mêmes furent notablement augmentés. C'est à coup d'engrais que l'on parvint à faire produire au sol de la betterave et encore de la betterave...

Cependant, la difficulté des communications arrêtait quelques fermiers qui ne disposaient pas de la force animale et du matériel nécessaires à ces transports pondéreux; la commune n'était reliée à la sucrerie installée plus tard à Houppertingen et distante de trois quarts de lieue que par un chemin de terre boueux et impraticable à la saison de la récolte, lorsque fut décidée la construction des lignes vicinales de Saint-TrondOreye et d'Oreye-Waremme, reliant à la fois la Hesbaye flamande, d'un côté, à la sucrerie de Saint-Trond, de l'autre aux sucreries et råperies d'Oreye, Marlinne, Bergilers, Waremme, etc.

Immédiatement, les emblavements en betteraves furent doublés et le petit cultivateur entra dans le mouvement. D'autre part, la construction d'une route pavée dans la direction de Houppertingen permit aux cultivateurs de faire en tout temps des livraisons à deux usines à la fois, ce qui consti- . tuait pour eux une énorme garantie au point de vue du contrôle des opérations de réception et de prise de densité.

A l'heure actuelle, les livraisons sont faites pour moitié à la sucrerie de Houppertingen, pour moitié à la sucrerie d'Oreye, par l'intermédiaire de la bascule de réception que cette dernière usine a installée à la gare vicinale d'Engelmanshoven.

Par suite de l'accord intervenu entre les fabricants de sucre de la région pour le maintien de leurs fournisseurs respectifs, le cultivateur demeure obligé de faire ses livraisons aux mêmes usines, aucune firme n'acceptant des livraisons effectuées par des fermiers auparavant fournisseurs d'une autre firme syndiquée. C'est ainsi que les cultivateurs de GrandJamine se trouveront obligés, aussi longtemps que se maintiendra ce syndicat, de partager leurs livraisons entre les deux sucreries de Houppertingen et d'Oreye.

La constitution d'un syndicat betteravier a permis aux culti vateurs d'obtenir des conditions de livraison et de contrôle plus favorables. Quant au prix, par suite de l'encombrement du marché des sucres, il est naturellement peu élevé: 21 francs (1) les 1,000 kilos sur wagons pour une densité de 14 % et 22 francs pour les betteraves livrées par axe à la sucrerie aux mêmes conditions de densité. Pour tout degré en moins de 14 il est déduit 2 francs par 1,000 kilos, pour tout degré en plus, il est bonifié autant. Par suite de la sélection des graines et de la généralisation de l'emploi des engrais chimiques, le rendement, qui n'était il y a quelques années que de 12 à 14 %, atteint communément 16 %.

Le rendement en poids est très variable: il oscille entre 30 et 40,000 kilos à l'hectare.

La vente au poids sans garantie de densité, pratiquée com

(4) Chiffre de 1907, 25 francs en 1909.

munément il y a une vingtaine d'années, n'est plus guère usitée aujourd'hui (1).

L'achat par les usines à un prix variable selon la densité, a provoqué, de la part du cultivateur, une sélection plus sérieuse . dans les graines utilisées et un emploi plus général des engrais artificiels.

Betteraves fourragères. La culture de la betterave fourragère est presque abandonnée, tout au plus les fermiers en sèment-ils quelques ares pour l'alimentation de certaines têtes de bétail laitier qui font l'objet de plus de soins. La statistique agricole ne nous renseigne que 14 hectares d'embla

vements.

Pommes de terre. La pomme de terre est encore beaucoup cultivée; elle constitue, avec le pain et le lard, le fond de l'alimentation domestique et sert de plus à l'engraissement des porcs. Quelques fermiers la cultivent aussi pour la vente, mais comme dans d'autres parties de la Hesbaye, ce tubercule, vu la nature argileuse du sol, souffre particulièrement d'un été pluvieux. La variété la plus plantée actuellement est celle dite magnum bonum (2); à l'encontre de ce qui se passe dans la grande Hesbaye, la plantation et l'arrachage se font encore beaucoup à la bêche.

Il y a quelque vingt ans, une récolte de pommes de terre manquée constituait, pour la classe laborieuse, une véritable calamité. C'est ainsi que, en 1847, pendant les années de disette, le Gouvernement affecta un crédit spécial à l'achat de pommes de terre pour semences à répartir entre les indigents.

(1) Le prix pour 1909, dans ces conditions, est de 29 francs par 1,000 kos. (2) La magnum bonum donne, dit la Monographie agricole de la région limoneuse et sablo-limoneuse publiée par le Ministère d'agriculture, en 1901 (p.119), des rendements de 17,000 à 25,000 kilos à l'hectare. Elle est considérée comme la seule pomme de terre demandée par le commerce d'exportation (Angleterre et Allemagne). Elle est rustique et réfractaire à la maladie.

La commune de Grand-Jamine participa à la répartition de ce crédit de 300,000 francs pour une somme de 130 francs.

Trèfles.-L'importance des trèfles et des prairies artificielles dans la culture n'étonnera personne. Les cultivateurs augmentant de plus en plus leur cheptel bovin et les pâtures naturelles étant peu nombreuses, force leur a été de créer des pâtures artificielles consistant en trèfles de diverses variétés. Le trèfle ordinaire (rouge), la luzerne et le trèfle incarnat servent principalement à l'alimentation des chevaux pendant l'été et accessoirement à celle du bétail. Les jeunes trèfles sont pâturés à l'arrière-saison, comme l'est aussi parfois la seconde coupe de l'année.

Certains cultivateurs sèment pour le bétail des variétés spéciales, telles que le trèfle blanc ou coucou.

Les bêtes sont menées chaque jour au trèfle et elles y sont mises au piquet. Leur garde est confiée dans les grandes exploitations à un vacher qui passe presque toute la journée dans l'oisiveté, son seul travail consistant à changer de temps en temps les animaux de place. Elle échoit, dans les fermes de moindre importance, aux filles du fermier, qui trouvent moyen d'utiliser leur temps en s'occupant de travaux de couture ou de tricot.

Lin, chanvre, colza. Dans la première moitié du siècle, la culture de ces plantes était pratiquée dans la commune. Il n'était pas de fermier qui ne cultivât du lin, lequel était remis au tissage pour l'usage domestique. Il existait de plus dans la région quelques huileries. Aujourd'hui, comme nous aurons l'occasion encore de le signaler plus loin, les industries accessoires à domicile ont été absolument abandonnées à la suite des progrès de la grande industrie, et les cultures qui les alimentaient ont été remplacées par d'autres plus rémunératrices.

Vergers et pâtures.

L'étendue des jardins et prairies arborées en arbres fruitiers est considérable. Le verger constitue une dépendance immédiate de chaque ferme; aussi le prome

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