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2 sols, par suite de la suppression de l'impôt sur le bétail et les moutons; il était réduit, en 1790, à 1,193 florins 10 sols.

Comme la commune possédait en propriété une assez grande étendue de prés ou « broeken », la location de l'herbe était pour elle une source importante de revenus. C'est ainsi qu'en 1759, elle percevait de ce chef une somme de fl. 647.15: en 1790, ce revenu était tombé à fl. 359.19. Le chapitre Uitgift du compte communal de 1759 donne une idée de la nature des dépenses ordinaires d'une commune à cette époque. Le règlement annuel des intérêts de la dette exigeait des sommes importantes, les dépenses pour travaux communaux étaient rares : c'étaient de temps en temps quelques florins et quelques pots de bière à ceux qui étaient chargés de combler les ornières des chemins et l'une ou l'autre journée d'ouvrier pour des menues réparations à l'école ou au clocher.

Nous avons déjà mentionné spécialement les dépenses effectuées pour le service des armées. Il n'était vraiment pas d'année où il n'y avait dans la commune plusieurs cantonnements militaires et où de nombreux villageois ne furent indemnisés pour des transports effectués sur réquisition des troupes de passage. Un compte spécialement chargé à ce point de vue est celui de l'année de la révolution liégeoise. Les fournitures aux « patriotes » furent nombreuses et la commune eut à sa charge l'équipement d'un cavalier (dragonder).

Les traitements dus aux fonctionnaires communaux comprenaient l'indemnité payée aux bourgmestres en fonctions et les gages du gardien commun du bétail et du gardien des porcs. Ces deux derniers employés devaient être très souvent des étrangers, car la commune payait leur entretien chez l'habitant.

Signalons encore une dernière catégorie de dépenses les indemnités payées aux «gemeyntenaeren » pour frais de voyage effectués pour le service de la commune. Nous trouvons ainsi mentionnés de nombreux voyages à Tongres, Liége, etc., soit pour entretenir un personnage important tel que le drossart

qui réside momentanément à la cour du prince-évêque, au château de Hex, soit pour régler les intérêts de la dette communale, soit encore pour voir tel avoué ou procureur qui soutient un procès au nom des bourgmestres. Notons aussi qu'à l'occasion d'un service rendu on ne manquait pas de vider de nombreux pots de bière aux frais de la communauté.

Pendant l'occupation française, la situation financière de Grand-Jamine ne fut pas plus brillante. Durant les guerres qui amenèrent la chute du premier Empire, les dépenses pour le service des armées et des troupes de passage furent énormes, mais la municipalité faisait supporter directement ces dépenses aux «gemeyntenaeren» qu'elle imposait spécialement à chaque réquisition en proportion des bonniers de culture qu'ils possédaient. Elle employait également le système des centimes additionnels. Nous avons eu la bonne fortune de retrouver dans les archives communales les comptes de réquisitions. dressés par le maire Baron de Herckenrode durant l'année 1814 (1). Du 23 janvier au 31 mars, les habitants sont taxés trois fois; le 23 mai, nouvelle réquisition pour laquelle on se borna à faire payer des centimes additionnels. C'est ainsi que pendant l'année 1814 il fut fourni, soit aux troupes de passage, soit aux magasins généraux, des denrées pour une valeur de 2,115 florins lièg. 11 sols.

Il résulte d'un état sommaire des dettes de la commune, arrêté par le conseil municipal le 11 janvier 1811, que les capitaux dus par elle s'élevaient à fr. 46,090.43.

Sous le régime hollandais, la gestion financière ne fut pas brillante, car en 1849, la commune était encore chargée d'un capital de fr. 49,938.50. Ce capital est réduit, en 1844, à fr. 43,292.98. En 1846, le conseil se décide à vendre les biens

(') Nous trouvons dans ce compte la mention suivante: « Payé à Knaepen un petit cochon qu'il avait dû donner à des militaires, valeur de plusieurs aunes de toile qu'ils exigeaient ».

communaux et demande aux créanciers de la commune de présenter des soumissions à rabais pour le remboursement de la dette. Les soumissions les plus avantageuses jouiront d'un droit de préférence. L'administration parvint ainsi à se débarrasser d'un passif ruineux, mais il ne lui demeura plus aucune propriété commune si ce n'est une longue bande de pré de trois ou quatre mètres de large, le long de la Herck.

On conçoit que, ayant à servir annuellement les intérêts d'une dette aussi importante, la commune se soit trouvée, pendant toute la première partie du siècle, dans une situation assez critique. Ses créanciers prélevaient sur les ressources ordinaires, qui ne s'élevaient qu'à 1,423 francs, une somme de 985 francs.

La cotisation personnelle, qui permettait de nouer les deux bouts, frappait, en 1840, soixante-huit habitants parmi lesquels quarante-six ouvriers et indigents (1).

Cependant, tout était à faire dans la commune, un véritable bourbier qui n'était pas même relié à la grande chaussée de Bruxelles à Liége. C'est par un travail lent et en sollicitant chaque année des subsides de la province et de l'État que la commune parvint à effectuer les travaux indispensables, l'amélioration de la voirie, la reconstruction de l'école et du clocher. Par suite de l'intensité des transports, l'administration communale a été obligée de faire en ces derniers temps de nouveaux travaux de voirie et, pour pourvoir à la dépense, elle a dù profiter du Crédit communal. Elle sera probablement obligée de frapper encore à la porte de cette société. Mais il y a tout lieu d'espérer que, grâce au système des annuités, elle se libérera plus facilement de ses nouvelles dettes qu'elle ne le fit de celles des siècles antérieurs.

En 1906, les ressources ordinaires de la commune s'élevèrent à fr. 8,362.68, les dépenses ordinaires à fr. 7,266.02.

(1) La cotisation personnelle fut supprimée en 1862, à la suite de la création du fonds communal.

Les centimes additionnels perçus au profit de la commune sur le principal de la contribution foncière sont au nombre de 75 et interviennent dans les ressources ordinaires pour une somme de fr. 2,887.70. La part qui est attribuée à GrandJamine sur le fonds communal s'élève à fr. 1,752.50. Si l'on compare les ressources ordinaires actuelles d'une commune à celles du milieu du siècle, on ne peut s'empêcher de constater l'influence bienfaisante pour les petites communes de l'institution de ce fonds communal.

La voirie et l'enseignement constituent les deux postes les plus importants du chapitre Dépenses du budget communal. Nous avons déjà eu l'occasion de nous occuper de l'enseignement, nous le ferons bientôt de la voirie. Le traitement des employés communaux, garde champêtre et cantonnier, a été considérablement augmenté. Ces deux fonctionnaires émargent au budget pour environ 800 francs.

Administration de la bienfaisance.

Par suite de l'existence d'un bureau de bienfaisance extraordinairement bien doté, la commune n'est soumise à aucune charge particulière en matière d'assistance publique (1).

Le Bureau de bienfaisance possède en biens-fonds, sous différentes communes, plus de 25 hectares, et les revenus annuels s'élèvent à 4,000 francs environ. Le nombre de ménages habituellement secourus s'élève à 33 (2).

(1) Sous l'ancien régime, le service de l'assistance publique était assuré par la « Mense des pauvres », appelée aussi « Tables du SaintEsprit ». A Grand-Jamine, l'administrateur, ou mambour de cette mense, était le vicaire. Il rendait compte, chaque année, en présence de toute la communauté assemblée à l'église, au son de la cloche. Le curé et un témoin attestaient cette reddition sur la minute du compte. La plupart des fermages de la mense étaient payés en nature. Celle-ci accordait par ce moyen des secours en nature. La recette en nature s'élevait, en 1740, à 248 3⁄4 mesures de seigle; la recette en argent, à 44 florins 5 sols. (2) En 1847, le nombre de pauvres inscrits était de 132.

Ces ménages sont répartis, en ce qui concerne les distributions ordinaires, en quatre classes les vieillards et les orphelins, qui reçoivent 10 francs par mois, et les autres qui obtiennent, par distribution, 7, 5 ou 3 francs (1). Le montant annuel des distributions ordinaires et extraordinaires s'est élevé, en 1906, à 934 francs; l'entretien des orphelins et des vieillards, à 1,477 francs; les frais d'écolage des enfants pauvres à 600 francs.

L'influence d'un bureau de bienfaisance disposant, comme celui de Grand-Jamine, de ressources importantes nous semble plutôt néfaste; s'il ne s'agissait que de distribution de secours dans des cas absolument extraordinaires, tout serait pour le mieux, mais les distributions régulières enlèvent malheureusement au peuple tout esprit de prévoyance. Il se plaît à considérer ces secours comme un droit, le patrimoine des pauvres comme sa propriété, et il se passe d'épargner pour le moment où le travail manquera et où la maladie viendra l'atteindre. Aussi les œuvres de prévoyance et d'assurance sont-elles lentes à s'implanter dans la commune.

Cultes.

Tous les habitants de la commune sont catholiques pratiquants; ils suivent très régulièrement les offices, le dimanche, et un bon nombre tiennent à assister à la messe même en semaine, en hiver surtout, lorsqu'ils en ont le loisir. L'église, trop exiguë, a été reconstruite dans le style roman en 1880.

L'entretien du culte est convenablement assuré par les fondations dont dispose la fabrique d'Eglise (2).

(1) Les distributions se font de trois en trois semaines environ en hiver.

(2) La fabrique d'église est demeurée en possession de tous les biens qu'elle possédait avant la Révolution française, ainsi qu'il appert de diverses pièces des archives fabriciennes; le curé Proesmans avait prêté serment à la constitution du clergé. Voir sur la paroisse, très ancienne, dans l'Ancien pays de Loox, notre étude déjà citée.

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