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ajouter foi, comme à moi-même. Et en attendant que Dieu me fasse la grâce de reconnaître votre devoir et fidélité, dont je me sens très obligée, je prierai Dieu qu'il vous ait, mes cousins, en sa sainte garde.

Votre bien bonne cousineet amie,

MARIE, R.

Votre épouse, ma sœur, recevra ici mes compli

mens.

[Nous avons voulu que nos lecteurs prissent communication de cette curieuse correspondance avant de consigner ici les observations qui auront été faites par chacun d'eux.

Quoi de plus contrastant que la frivolité qui règne dans une foule de passages des lettres de Marie avec les pénibles pressentimens qui la dominent dans plusieurs autres dépêches et surtout avec la cruelle réalité du sort qui l'attendait! Cette correspondance qui embrasse presque toute la longue captivité de la malheureuse Reine ne nous conduit cependant qu'à une distance de cinq années de sa mort. Mais elle demeura constamment jusqu'à sa fin tragique ce qu'elle est dans ces communications : c'est-à-dire qu'elle se montra toujours fidèle à son amour pour la toilette et pour la France. Elle voulut mourir en robe de velours noir, et dit à ses filles d'honneur, en les quittant pour se livrer à l'escorte fatale: « Jurez-moi que vous allez vous réfugier « en France : vous savez comme j'aimai toujours ce pays!

« On m'y pleurera pendant que je serai heureuse. » En apercevant la hache de l'exécuteur la victime d'Élisabeth s'écria: « Ah! que j'eusse bien mieux aimé avoir la tête tranchée « avec une épée à la française!

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DE LOUIS XVI

ET DE SA FAMILLE

AU TEMPLE.

[Après la correspondance de la prisonnière d'Élisabeth nous placerons les singuliers documens qu'on va lire sur la détention qui a précédé la chute d'une autre tête royale. Il est dramatique de suivre dans la série de ces pièces le progrès du sort fatal qui menaçait Louis XVI et les siens. Dans la première, dont la date n'est postérieure que d'un mois au 10 août, les prisonniers du Temple sont encore appelés la famille royale, et le principal captif reçoit encore le nom de Louis XVI. Peu après il devient le ci-devant roi, puis Louis le dernier; son arrêt semble prononcé quand il n'a plus pour nom que Louis Capet.

C'est aux Archives générales du royaume que nous la communication de ce dossier historique.]

devons

B.-IX.

16

MUNICIPALITÉ DE PARIS.

Le 11 septembre 1792, IV de la Liberté, Ier de l'Égalité,

Procureur de la Commune.

Aux citoyens commissaires de garde au Temple.

Je joins ici, citoyens, une lettre de la dame Noury qui m'est recommandée par le maire de Paris, par laquelle elle demande une place de remplaçante auprès de la famille royale. Je vous prie de m'instruire de ce qu'il sera possible de faire sur cette demande, afin que j'en instruise le maire de Paris.

Le procureur de la commune, par interim,

TALLIEN.

On lit sur cette pièce : « Répondu que le conseil ne « pet faire droit à la demande, attendu que la do«mesticité de Louis XVI est complète, »

MUNICIPALITÉ DE PARIS.

Par le maire et les officiers municipaux
administrateurs.

EXTRAIT DU REGISTRE DES DÉLIBÉRATIons du

CONSEIL-GÉNÉRAL.

Du 21 septembre 1792.

Le Conseil-Général persistant dans ses arrêtés précédens qui confient la surveillance absolue aux commissaires du Conseil-Général au Temple sur leur responsabilité exclusive;

Arrête qu'aucun officier de la garde nationale ne pourra entrer dans l'appartement du ci-devant Roi et des princesses ni les entretenir pour quelque raison que ce soit, qu'ils ne pourront même les accompagner à la promenade, si ce n'est M. le commandant-général et l'adjudant-général de service.

En conséquence il n'entrera dans la tour que l'officier commandant le corps-de-garde intérieur et seulement pour son service, sans se permettre aucune communication avec la famille ci-devant royale. BOULA, président; TALLIEN, secrétaire-greffier.

COMMUNE DE PARIS.

Le 29 septembre 1792, l'an 1er de la République française.

Le Conseil-Général arrête que dans l'instant Louis le dernier sera transféré dans la grosse tour et que les officiers municipaux seront les seuls qui entreront auprès de lui, et que tous les citoyens de la garde nationale ne pourront plus y entrer sans que les officiers municipaux ne les demandent, eux seuls en répondant sur leur tête, et que ce sera eux qui tiendront les clés de son appartement;

Plus, que six commissaires seront nommés à l'instant pour aller faire exécuter ledit arrêté et qu'ils don. neront les ordres nécessaires pour que les travaux de clôture soient terminés promptement, et ce sans désemparer les commissaires nommés sont les citoyens Charbonnier, Paillé, Simon, Massé, Benoît, Hébert; et qu'ils sont aussi autorisés à ôter au ci-devant Roi, plume, encre, papier, crayons, etc.; enfin de prendre toutes les mesures qu'ils croiront devoir être nécessaires, et de ne lui laisser aucune armé défensive ou

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