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sucre à la sucrerie, mais ce n'est pas général, et encore pas chaque année. L'ouvrier agricole a difficile de trouver de la terre; à moins que de payer très cher: 250 à 300 francs i'hectare. Il travaille son lopin de terre avec les attelages du fermier à temps perdu, souvent le dimanche ou les jours de fête. Pour le travail, il va au plus pressé et cela parfois par un temps de pluie. La femme travaille rarement au service du fermier. Elle s'occupe à la maison. Dans les ménages ouvriers, il y a toujours un ou plusieurs porcs, de la volaille et parfois une vache laitière.

L'ouvrier agricole engraisse annuellement un ou deux porcs d'un poids de 100 à 125 kilogrammes environ.

L'ouvrier agricole a actuellement plus de terres et plus d'animaux qu'il y a vingt, trente, et surtout qu'il y a quarante et cinquante ans. Il trouve de la nourriture pour ses bêtes dans les grandes exploitations pendant toute l'année, sauf en hiver. Sa femme et ses enfants ramassent des herbes dans les emblavures, dans les chemins de campagne, ils ramassent du foin et du trèfle et pratiquent activement le glanage, ramassent des pommes de terre, betteraves, des racines de betteraves, etc. 102.Q. Y a-t-il des ouvriers agricoles qui n'ont pas de terre et pas d'animaux?

102. - R. Il n'y en a pas.

103.-Q. Y a-t-il des communaux (prairies, bois, terres) dont les ouvriers tirent profit? Comment en profitent-ils? R. Non.

103.

104. Q. L'ouvrier agricole a-t-il du travail toute l'année à la ferme? Sinon, que fait-il l'hiver?

104. R. Les ouvriers permanents travaillent toute l'année à la ferme.

Les ouvriers temporaires sont des adolescents âgés de 14 à 17 ans qui trouvent ensuite à s'occuper à la sucrerie ou chez

eux.

105. Q. Combien d'heures par jour l'ouvrier agricole travaille-t-il pendant les différentes saisons?

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C'est la clarté du jour qui règle la durée du travail. Repos en hiver une demi-heure à 8 heures ou 8 h. 1/2 pour déjeûner, une heure et quart pour le dîner, une demiheure à trois quarts d'heure pour le goûter; en été une demi-heure au deuxième déjeuner (8 heures), une heure et trois quarts pour le dîner, une demi-heure au goûter.

106. Q. A quel âge les enfants des ouvriers agricoles travaillent-ils? Combien d'heures travaillent-ils par jour pendant les différentes saisons?

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106. R. Les enfants travaillent très jeunes, à l'âge de 10 à 11 ans, par exemple aux betteraves; ils travaillent le même nombre d'heures que les ouvriers.

107.Q. Quels sont les travaux agricoles faits par les femmes autres que les servantes de ferme? Combien d'heures travaillent-elles par jour pendant les différentes saisons?

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107. R. Les femmes travaillent à la plantation et au triage des pommes de terre, aux betteraves, à la fenaison, à la moisson, à l'arrachage des pommes de terre et des betteraves, au battage des grains, à la confection des liens, au lessivage et nettoyage. La durée du travail est la même que pour les ouvriers.

108. Q. Quels sont les rapports entre le cultivateur et ses ouvriers? Ceux-ci restent-ils travailler pendant longtemps chez le même cultivateur?

108. R. Les rapports entre les cultivateurs et les ouvriers sont passables. Oui, ils restent très longtemps chez le même patron.

109.

Q. Les cultivateurs trouvent-ils facilement de la main-d'oeuvre?

109.-R. Oui. Ils n'ont pas à se plaindre. Il est à noter que l'ouvrier et l'ouvrière préfèrent infiniment travailler chez

le grand cultivateur que chez le moyen ou petit cultivateur et cela à prix égal. 110. Q. Y a-t-il beaucoup d'ouvriers qui vont travailler en dehors de leur commune, soit dans les usines, dans les mines, etc., soit qu'ils aillent faire le travail agricole en France ou en pays wallon? Dans quelles conditions vont-ils travailler en dehors de leur commune? Quand reviennent-ils au foyer?

Quelle est l'influence de ce travail au dehors sur les salaires, l'esprit religieux, la moralité?

110. R. Il en est une trentaine, mais c'est le trop-plein. On ne pourrait occuper tout ce monde dans la localité. Au surplus, les grands fermiers sont munis de toutes les machines agricoles.

Les ouvriers qui vont travailler au dehors travaillent dans les mines (à Liége et environs), dans les usines ou entreprises du bassin de Liége. Quelques-uns sont occupés aux chemins de fer.

Ce travail au dehors n'a guère d'influence sur les salaires. Il nuit beaucoup à l'esprit religieux, à la moralité surtout. Ces ouvriers débauchent leurs compagnons.

111. Q. Les ouvriers qui vont travailler dans l'industrie vivent-ils mieux que les ouvriers agricoles qui restent sur place? Sinon quelle en est la cause, puisque le salaire gagné dans l'industrie est supérieur au salaire agricole?

111. R. Non. Ces ouvriers, jeunes pour la plupart, gaspillent leur argent dans les fêtes, dans les jeux, la toilette, les cabarets, etc. Les ménages ouvriers où les fils vont travailler à Liége sont les plus mauvais sous tous les rapports. Ils ont de la peine à économiser quelques écus. Il est des ménages ayant un revenu de 10 à 15 francs par jour qui ont des dettes partout. 112. Q. Y a-t-il des ouvriers agricoles ou fils de petits cultivateurs qui vont travailler en ville ou dans l'industrie pour s'amasser un petit pécule? Que font-ils de cet argent? R. Non.

112.

TONE V. LETTRES, ETC.

21

113.

Q. L'ouvrier agricole remet-il tout l'argent gagné à sa femme pour les besoins du ménage? Que dépense-t-il par semaine? A quoi dépense-t-il de l'argent?

113. R. Oui. Les dépenses se montent à 1 franc par semaine pour le cabaret, le tabac à chiquer, les pigeons voyageurs, etc.

114. Q. Quelles sont les distractions des ouvriers agricoles? Quels jeux? Dépensent-ils beaucoup d'argent à ces jeux? 114. R. Le cabaret et, pour un certain nombre d'ouvriers, les pigeons voyageurs. Pour les jeux, l'ouvrier agricole ne dépense guère d'argent.

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115. Q. Les ouvriers agricoles sont-ils prévoyants : épargnent-ils, font-ils partie de sociétés de prévoyance, par exemple, mutualités maladie, caisses de pension, etc.?

115. R. Oui, ils font partie d'une société de secours mutuels. Leurs enfants font parfois partie de la caisse de retraite.

116.

que lit-il?

Q. L'ouvrier agricole lit-il et, dans l'affirmative,

116. R. Les ouvriers lisent peu. Quand ils lisent, ils lisent n'importe quoi.

117. Q. S'adonne-t-il à la boisson? Que boit-il?

117. R. Les buveurs ont disparu. Les jeunes ouvriers boivent plutôt de la bière que du genièvre. Pour les vieux, c'est le contraire.

118.Q. Les ouvriers agricoles sont-ils religieux? Sont-ils superstitieux? En quoi consiste cette superstition?

118. R. Il en est qui sont religieux. Tous pratiquent la religion catholique. L'ouvrier agricole est rarement superstitieux.

119.Q. La moralité est-elle bonne? Y a-t-il beaucoup de mariages forcés par suite de conception en dehors du mariage? 119. R. La moralité de l'ouvrier agricole est douteuse, si pas mauvaise; il est entendu qu'il s'agit de la jeunesse actuelle. Il y a beaucoup de mariages forcés par suite de conception en dehors du mariage.

120. Q. A quel àge se marient les ouvriers agricoles? Y a-t-il une grande mortalité infantile? Quelles en sont les causes?

120. R. L'âge va de 23 à 30 ans. Il n'y a pas de grande mortalité infantile. C'est surtout pour les soins à donner à l'enfant que les connaissances élémentaires font défaut.

121. Q. Qu'arrive-t-il des ouvriers vieux et invalides? Quelles œuvres de bienfaisance, de prévoyance et d'assistance publique existent à la commune ? Y a-t-il beaucoup d'ouvriers agricoles qui jouissent de l'assistance publique?

121. R. Les ouvriers vieux et invalides continuent à travailler chez le fermier ou chez les particuliers. Il y a peu ou pas d'ouvriers invalides. Il n'est pas rare de voir des ouvriers âgés de 65 et 70 ans dans les fermes.

La mendicité est inconnue à Trognée.

122.-Q. Quels moyens préconisez-vous pour améliorer le sort des ouvriers agricoles?

122. R. Augmentation des salaires dans les fermes et à la sucrerie. Les ouvriers désirent tous faire partie de la caisse de secours mutuels, caisse de retraite, etc.

123.Q. Pourriez-vous dresser le budget d'une famille ouvrière agricole de la commune ou de la région?

123. R. Il est bien difficile d'établir le budget d'une famille ouvrière. En dressant un budget, on arrive presque toujours à un déficit. La famille ouvrière profite de toutes sortes d'avantages, contrairement à l'ouvrier industriel.

Dans beaucoup de familles, il y a un ou plusieurs porcs, parfois une vache laitière, quelques poules. Il y a un jardin et un lopin de terre de 50 à 150 ares. Le fermier fournit les attelages nécessaires pour travaux et corvées. La femme et les enfants ramassent aux champs la nourriture pour les bestiaux: glanage, mauvaises herbes, betteraves, pommes de terre, etc. Les enfants, à partir de 11 ou 12 ans, gagnent quelque argent à la ferme voisine, etc. On ne peut quasi pas chiffrer tout cela. De sorte que le revenu vaut le double du salaire du père de famille (fr. 1.75).

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