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un élément essentiel à la solution d'un grand nombre de questions de géologie, de météorologie, d'agriculture et de botanique comparées; elle est absolument nécessaire dans les entreprises d'irrigation, de canaux, de routes, etc. Enfin c'est ce sol plus ou moins déchiré, hérissé d'aspérités et tourmenté de mille manières, qui est le domaine et l'habitation de l'homme.

Le nivellement d'une contrée, tel qu'il est réclamé par les besoins de la société et le progrès des sciences, doit comprendre la hauteur d'un très-grand nombre de points. Il serait très-utile, par exemple, de connaître la hauteur du sol de toutes les églises, parce qu'elles sont le centre de chaque commune; celle des tours et des monuments antiques que nos pères ont élevés dans des sites ordinairement remarquables; celle de la partie la plus élevée et de la partie la plus basse de chaque vallée, ainsi que des ponts et des points les plus reconnaissables du bord des rivières; celle des cols par lesquels les vallées voisines communiquent entre elles; enfin celle du sommet des collines et des montagnes.

Il n'y a encore aucune partie de la Terre pour laquelle on ait entrepris un nivellement aussi complet, et dans chaque pays on ne possède la hauteur exacte que de quelques points isolés. Les immenses travaux que nécessitent les mesures géodésiques, ont limité leur application à la détermination de la hauteur de

quelques villes et de quelques montagnes. L'emploi du baromètre, il est vrai, est plus facile; mais il exige des précautions qui malheureusement ont trop souvent été négligées. Ce précieux instrument n'a pas toujours été entre les mains d'observateurs instruits et consciencieux. On s'est contenté quelquefois de mesures prises à la hâte, dans quelques voyages; on les a comparées à celles qui étaient prises en même temps dans des observatoires trop éloignés, et on a supposé, sans l'avoir vérifié, que les échelles des divers instruments étaient d'accord entre elles. Aussi parmi les hauteurs citées dans les cartes et les traités de géographie, y en a-t-il beaucoup qui contiennent de graves erreurs.

7. C'est surtout pour les pays montueux, et en particulier pour nos Alpes, dont le relief actuel est le résultat des bouleversements géologiques les plus violents, qu'il est utile de connaître les inégalités qui affectent la surface que nous habitons. MM. les chanoines Billiet et Gravier viennent d'offrir à la Société royale académique de Savoie un tableau comprenant les hauteurs des principaux points de la Maurienne et de la Tarentaise. Ils les ont déterminés par eux-mêmes, à l'aide de baromètres bien construits et bien comparés. Des observations étaient faites en même temps à St-Jean-de-Maurienne et dans la localité dont ils cherchaient la hauteur; de sorte que les

deux stations n'étaient jamais très-distantes l'une de l'autre. Ces messieurs ont ainsi obtenu directement la hauteur de ces différents points au-dessus ou au-dessous de St-Jean-de-Maurienne. La hauteur de cette dernière ville au-dessus de Chambéry était d'ailleurs connue avec beaucoup d'exactitude; elle avait été déterminée par Mgr Billiet, lorsqu'il était évêque de Maurienne, au moyen de trois séries d'observations barométriques, comprenant chacune 10 à 15 jours. J'avais l'honneur de faire à Chambéry les observations correspondantes. Les trois résultats obtenus par le calcul de ces trois séries d'observations étaient à peu près identiques: leur moyenne excluait toute incertitude.

Je m'occupe depuis plusieurs années d'un nivellement barométrique des environs de Chambéry; ce travail, qui est sur le point d'être terminé, s'étend à toutes les paroisses de ce diocèse et à quelques localités des diocèses voisins; toutes les hauteurs y sont calculées par rapport à la hauteur de Chambéry.

Quand aux parties de la Savoie qui ne sont pas comprises dans les limites de mes observations et de celles de MM. les chanoines Billiet et Gravier, elles ont été l'objet d'un grand nombre de mesures de la part des savants qui ont visité le Mont-Blanc et les vallées qui l'entourent. Ces mesures, disséminées dans plusieurs ouvrages, ont été rassemblées par M.

Alphonse de Candolle, dans son Hypsométrie des environs de Genève. Cette publication intéressante est un recueil complet de toutes les hauteurs qui ont été mesurées avant 1839, dans un cercle de 25 lieues autour de Genève.

8. Les travaux de MM. Billiet et Gravier et mes propres observations faisant connaître la hauteur des principaux points des diocèses de Maurienne, de Tarentaise et de Chambéry, au-dessus du sol de cette dernière ville, il devenait nécessaire de chercher combien Chambéry, et en particulier le point auquel se rapportaient nos mesures, était élevé au-dessus du niveau de la mer. Ce point est le sol du jardin du grand Séminaire, ou mieux le seuil de la porte par laquelle on passe de ce jardin dans l'intérieur de la maison. Il est à 5m 56 au-dessous du parapet des fenêtres du premier étage qui regardent dans le jardin. Voici les principales mesures de la hauteur de Chambéry, qui ont été prises jusqu'ici.

L'arc du parallèle moyen, qu'on a mesuré depuis Bordeaux jusqu'au-delà de l'Adriatique, passe par Chambéry. Une commission composée d'astronomes et d'ingénieurs piémontais et autrichiens, et dirigée par des hommes d'une science éminente (MM. Plana et Carlini), exécuta en 1821, 1822 et 1823 la partie la plus difficile de ce travail, en réunissant les deux arcs déjà mesurés en Italie et en France, par un are

mesuré au travers des Alpes. Un des angles du réseau trigonométrique avait son sommet sur la colline de Lémenc, au signal que la commission fit élever près du Calvaire. On trouva que le pied du signal était élevé de 339m 7 au-dessus du niveau de la mer. D'après les observations qu'ils firent en même temps à la tour du Château royal (parapet des dernières fenêtres), et au clocher de la paroisse de la Motte (parapet des fenêtres, au plan des cloches), la première de ces deux stations est élevée au-dessus du niveau de la mer de 306m 2, et la seconde de 279m 1. Ces hauteurs obtenues à l'aide d'opérations géodésiques habilement conduites, méritent d'être admises avec la plus grande confiance; elles m'ont été trèsutiles dans la détermination de la hauteur du sol du grand Séminaire.

Plusieurs savants étrangers se sont servi du baromètre pour mesurer la hauteur de Chambéry. M. de Saussure a fait lui-même, dans cette ville, plusieurs observations barométriques, qu'il a comparées à des observations faites en même temps sur les bords du lac de Genève; il en a déduit la hauteur de ce lac au-dessus de Chambéry, puis en retranchant cette hauteur de la hauteur du lac au-dessus de la mer, il a trouvé que la hauteur de Chambéry au-dessus de la mer était de 265m 7. On verra que ce nombre est peu éloigné de la vérité. Il est à regretter que l'au

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