Imágenes de páginas
PDF
EPUB

la grande majorité des cas, les ictus apoplectiques ou les foyers de ramollissement, à la suite desquels s'installe le syndrome pseudo-bulbaire, sont séparés par un intervalle de quelques jours, de plusieurs semaines, de mois ou d'années. Chez le malade que je présente, la maladie a été en quelque sorte schématisée. Un premier ictus, avec hémiplégie droite, survenue à sept heures du matin, est suivi, à neuf heures et demie, d'une guérison en apparence complète, sauf l'existence d'une légère faiblesse du côté droit, du signe des orteils de Babinski, mais avec disparition de la dysarthrie et de la dysphonie. Un deuxième ictus, à trois heures de l'après-midi, amène une hémiplégie gauche avec dysarthrie, dysphonie, troubles de la déglutition, rire spasmodique, qui ont retrocédé incomplètement dans la suite, laissant les signes très nets de la paralysie pseudo-bulbaire.

Le signe des orteils de Babinski, qui a accompagné chaque ictus, n'a pas tardé à disparaitre, faisant place à la trépidation spinale. Je me demande si le signe de Babinski, qui n'existe pas de l'avis de son auteur dans tons les cas où le faisceau pyramidal est lésé, qui, d'autre part, ne semble pas, dans mon cas, avoir de rapport direct avec le clonus du pied, n'indique pas plutôt une perturbation dans la fonction pyramydale qui consiste à transmettre les ordres moteurs aux muscles du membre inférieur, tandis que le clonus du pied indiquerait une perturbation de cette autre fonction du faisceau pyramidal, qui consiste à maintenir un certain degré de tonicité musculaire.

En un mot, l'hypothèse serait la suivante: le signe des outils est liée à des phénomènes de paralysie peu ou très marquée; le clonus du pied répond à l'excitation de la voie motrice.

M. BARINSKI insiste sur le point que le signe qui porte son nom caractérise la lésion pyramidale mais n'en indique ni la hauteur, ni l'intensité.

Méningite cérébro-spinale à forme de syndrome de Little
et de pseudo-bulbaire.

MM. HUET et SICARD rapportent l'observation d'un jeune enfant de six ans, atteint, au cours d'une méningite cérébro-spinale consécutive à un abcès de l'oreille, de syndromes nerveux intéressants : tétraplégie spasmodique coïncidant avec des troubles paralytiques des appareils de mastication, de déglutition, de phonation.

Le syndrome de Little trouve sa raison d'être évidente dans la méningo-encéphalite corticale localisée symétriquement et bilatéralement au niveau des centres moteurs; la pathogénie du syndrome de Duchemin reconnait vraisemblablement une origine également corticale. Il s'agit donc de troubles pseudo-bulbaires acquis chez un enfant, et l'on connaît la rareté de telles observa

tions. Il ne semble pas que l'on puisse invoquer une localisation bulbaire directe du névritique en raison de l'absence d'atrophie musculaire et de troubles des réactions électriques.

Atrophie musculaire et poliomyelite.

MM. F. RAYMOND et CL. PHILIPPE apportent un nouveau document pour l'histoire anatomo-clinique de l'atrophie musculaire progressive spinale, due à une poliomyélite chronique strictement localisée aux grandes cellules des cornes antérieures de la substance grise de la moelle épinière. C'est la première observation avec autopsie dans laquelle le début ait eu lieu par les extrémités des membres inférieurs (pieds et jambes) avec une semblable localisation anatomique. L'affection avait commencé à l'âge de cinquantedeux ans par l'atrophie graduelle des muscles antéro-externes de la jambe, la faiblesse motrice marcha toujours parallèlement à l'amaigrissement sans jamais s'accompagner de troubles sensitifs ni d'aucun phénomène spasmodique. L'autopsie a montré, dans toute l'étendue de la moelle épinière, avec prédominance pour la région lombo-sacrée, une atrophie considérable, en nombre et en volume, au niveau des grandes cellules de la substance grise, avec lésions secondaires des racines antérieures, des nerfs périphériques et des muscles.

Sur le rôle du cervelet dans les actes volitionnels nécessitant une succession rapide de mouvements.

J. BABINSKI. - Je désire attirer l'attention de la Société sur un trouble de motilité qui n'a pas été décrit jusqu'à présent et qui consiste en ce que le sujet qui en est atteint, tout en pouvant exécuter avec la même rapidité qu'un individu normal des mouveélémentaires, tels que, par exemple, le mouvement de pronation ou le mouvement de supination de la main, est incapable d'accomplir un acte volitionnel nécessitant une succession rapide de mouvements. Il ne sera pas en mesure, pour reprendre l'exemple précédent, de faire avec rapidité des mouvements successifs de pronation et de supination.

Voici plusieurs malades chez lesquels il existe incontestablement une lésion de l'appareil cérébelleux et qui présentent très nettement ce phénomène.

Ce trouble est donc la conséquence d'une lésion cérébelleuse. Il fait défaut dans les affections des autres parties du système nerveux; les tabétiques, en particulier, ne le présentent pas; c'est donc là un signe qui peut contribuer à distinguer de l'ataxic tabétique ce désordre que l'on a désigné à tort, pour ne pas l'avoir suffisamment analysé, sous le nom d'ataxies cérébelleuses et que j'ai proposé déjà autrefois d'appeler asynergie.

Il résulte de mes observations cliniques qu'il existe une fonction spéciale appartenant à l'appareil cérébelleux, qui a pour objet dans les actes volitionnels d'arrêter brusquement les impulsions motrices et d'en imprimer de nouvelles aussitôt après; ce n'est en effet qu'à ces conditions que les mouvements peuvent se succéder avec rapidité. La titubation cérébelleuse, les troubles de l'écriture, etc., sont dus en partie à la perturbation de cette fonction que l'on peut dénommer diadococinésie, néologisme tiré de deux mots grecs, dont l'un veut dire successif, l'autre mouvement.

F. BOISSIER.

SOCIÉTÉ D'HYPNOLOGIE ET DE PSYCHOLOGIE

Séance du mardi 21 octobre 1902. PRÉSIDENCE DE M. JULES VOISIN.

Névralgie ancienne du nerf radial guérie par l'hypnotisme.

M. DAVID (de Narbonne) rapporte le cas d'un jeune homme traité depuis deux ans, tantôt pour rhumatisme, tantôt pour une myélite et qui avait scrupuleusement suivi, pendant tout ce temps, sans aucun résultat, les traitements hydra-minéraux et médicamenteux les plus variés. Une seule séance de suggestion hypnotique a suffi pour le débarrasser d'une névralgie de l'avant-bras qu'accompagnait une impotence fonctionnelle presque complète.

Explication scientifique des phénomènes de l'hypnotisme.

M. WIJN.ENDS FRANCKEN (de la Haye) expose et discute la conception de l'hypnotisme d'après Moll, Lehman, Durand de Gros, Preyer, Wundt, Goltz, Verworne, Lloyd Tuckey, Brown-Séquard, Heidenhain, Forel, Tooth, Pierre Janet, Bernheim, Delbœuf. Il insiste sur les souvenirs latents qui subsistent après le réveil et sur les opérations psychologiques qui s'accomplissent dans la subconscience.

Les modalités de la suggestibilité.

M. BERILLON présente un malade, jadis agoraphobe, actuellement hypersuggestible, que l'on peut mettre très facilement dans un état cataleptoïde avec contractures. Il démontre à nouveau sur ce malade le phénomène de l'hyperexcitabilité musculaire.

M. Paul MAGNIN. On a voulu rapporter à la seule suggestion tous ces phénomènes de catalepsie de contracture. De ce que la suggestion peut les produire, il n'en résulte pas qu'ils ne peuvent pas apparaître spontanément. En fait, on les observe dans des circonstances où aucune espèce de suggestion ne saurait être invoquée.

M. Jules VOISIN.

-

Je partage tout à fait l'opinion de M. Magnin. Dans le cas actuel, il s'agit de catalepsie avec contractures diffuses. Quand on ouvre l'un des yeux, le bras au côté correspondant cesse d'être contracturé.

Suggestion musicale et psychothérapie.

M. Henry LEMESLE apprécie les essais de musicothérapie de M. Petrucci à l'asile d'aliénés de Saint-James-sur-Loire. I discute la valeur de la suggestion rythmique et de la suggestion tonale; il expose comment il convient de les varier et de les combiner dans les divers états mentaux, en particulier dans la mélancolie et la manie.

BIBLIOGRAPHIE.

XII. Rapport médical, compte moral et administratif de l'asile de la Charité (Nièvre), pour l'exercice 1901, par M. le Dr FAUCHER, médecin-directeur.

En 1901, il y a eu 145 admissions, dont 23 d'aliénés du département de la Seine. Les sorties ont été de 261, dont 32 par guérison, 17 par amélioration. 2 évasions se sont produites en 1901, une en 1900. Il est survenu 81 décès, soit 8,98 p. 100, dont 9 de tuberculose. La population était de 757 le 1er janvier 1901 et de 760 à la fin de l'année. Dans les cinq dernières années, l'augmentation a été de 222 malades, y compris ceux de la Seine.

<< Nous avons eu 4 épileptiques simples (au lieu de 10 en 1900 et en 1899), au nombre des nouveaux admis; quoique ces malades ne soient pas aliénés à proprement parler, ils sont néanmoins, comme nous le faisions observer dans notre rapport de l'an dernier, très souvent affaiblis intellectuellement, irritables et mème sujets à des accès d'agitation. Nous avons dù précisément solliciter, pour une femme, son placement d'office comme aliénée véritable, car elle était au moment de ses crises hystéro-épileptiques, et quelquefois même dans l'intervalle, véritablement dangereuse. » C'est absolument l'opinion que nous soutenons depuis longtemps; tous les épileptiques, à un moment, sont des aliénés, tous peuvent d'un instant à l'autre, devenir dangereux.

Il y a chaque année dans tous les asiles quelques évasions. Nous en trouvons 2 en 1901, à Quatremares, 1 à Blois, etc. Elles ne sont pas rares dans les asiles de la Seine, notamment à Ville-Evrard, à la colonie de Vaucluse, dans notre service de Bicètre (10 en 1901).

Les nouveaux pensionnats ont été inaugurés en 1899. Nous avons pu constater dans la visite de l'asile que nous avons faite le 11 août les nombreuses fautes commises par l'architecte, qui ne parait pas se douter des exigences particulières des asiles. Nous y reviendrons probablement.

Signalons les tableaux, en outre des tableaux ordinaires, sur l'état civil, les professions (on devrait mentionner les professions insalubres), l'hérédité, sur l'alcoolisme, etc. Ce dernier tableau qui va de 1893 à 1901 montre que la proportion des alcooliques qui était de 5,38 en 1893 s'est élevée à 27,11 en 1901. « Il nous revėle, dit M. Faucher, l'influence de l'alcoolisme dans l'éclosion de la folie et nous donne une idée du développement de l'alcoolisme luimême dans le département, car la progression est manifeste d'une année à l'autre, au moins pour le sexe masculin. La proportion des buveurs par rapport au nombre total des admis (déduction faite des transférés et des épileptiques simples), 40,29 p. 100, est sensiblement la même que l'an dernier. Au contraire pour les malades du sexe féminin il y a une légère diminution. »

Avec la grande majorité des médecins, M. Faucher recommande le placement précoce : « Dans 24 cas, la maladie remontait à au moins six mois; c'est une condition favorable pour la guérison. Dans 23 cas la maladie mentale avait déjà plus de deux ans de durée au moment de l'admission; aussi peut-on prévoir que le plus grand nombre des aliénés de cette catégorie seront à peu près certainement incurables. Enfin, dans 11 cas, la maladie datait déjà de six mois à deux ans. L'internement précoce n'est sans doute pas une garantie de curabilité, mais c'est une chance de plus donnée à nos malheureux malades, trop souvent voués d'emblée à la chronicité par la nature même de leur affection. »>

Il n'y a eu, en 1901, qu'un convoi d'aliénés de la Seine (18 H.), « Il ne comprenait que 4 paralytiques généraux et 2 idiots, encore les 4 paralytiques n'étaient-ils pas tous gâteux. Au point de vue de l'état général, les transférés de cette année sont donc dans de meilleures conditions que ceux qui nous avaient été envoyés lors des précédents convois. Il était bon de le signaler. » Il est donné à l'asile des congés d'essai d'une durée d'un à deux mois.

Quelques notes à relever dans le chapitre des décès : « 71 décès en 1900, 81 en 1901. Le pourcentage (902 malades) est de 10,76 et de 7,09 pour les femmes. La différence de la mortalité entre 1900 et 1901, tient aux décès par paralysie générale, part culièrement nombreux en 1901, à la suite du transfert de 54 hommes provenant des asiles de la Seine et qui eut lieu à la fin de 1900... Chaque année, nous avons à déplorer le décès de malades admis depuis quelques jours à peine et qui nous sont amenés dans un état de cachexie très prononcée. En 1901, nons avons perdu ainsi 10 malades (7 hommes et 3 femmes) qui étaient entrés depuis

« AnteriorContinuar »