Outre cette rédaction officielle, écrite dans l'idiome des lois d'alors sur deux rouleaux de parchemin, le Petit Thalamus en renferme une traduction romane non moins célèbre et plus répandue autrefois que l'original lui-même. Notre Société archéologique, dans l'édition qu'elle a donnée, en 1840, du Petit Thalamus, a réuni les deux textes, et en cela elle a agi sagement; car, si le premier texte a le mérite d'avoir fait autorité dans nos tribunaux, l'autre a celui d'avoir été populaire. Ce mérite, il le partage avec l'ensemble du registre auquel il appartient. Le Petit Thalamus, par la spécialité de son contenu, est le plus populaire de nos anciens registres municipaux. Établissements, serments, chronique, calendrier, aussi bien que la charte du 15 août 1204 avec ses annexes, tout en lui porte le cachet d'une complète publicité. Il existe, sous ce rapport, une différence notable entre le Grand et le Petit Thalamus. Le Grand Thalamus, eu égard à la nature des documents couchés sur ses feuilles, priviléges municipaux, concessions apostoliques et royales, règlements de haute administration, rédigés presque toujours dans la langue savante de l'Église et de la diplomatie, devait être d'un usage moins vulgaire dans notre ancienne Commune que le Petit Thalamus, où on lisait dans un idiome accessible à tous la coutume quotidiennement suivie, les statuts consulaires en vigueur, la formule des serments exigibles, non-seulement des magistrats à leur entrée en exercice, mais jusqu'à des simples chefs et artisans des corporations industrielles. Le Grand Thalamus, à ce titre, se consultait comme un répertoire, le Petit Thalamus comme un manuel. Également précieux l'un et l'autre aujourd'hui pour l'histoire de notre Commune, ils n'avaient pas autrefois parmi nous une égale popularité. Cette popularité s'attachait moins encore au Livre Noir, magnifique in-folio du XIIIe siècle, ainsi désigné à cause de sa couverture noirâtre : bien que ce recueil fût capital, surtout par sa première partie, pour les franchises de nos bourgeois, son parfait état de conservation semblerait indiquer un assez rare maniement. Les deux Thalamus et le Livre Noir sont les trois principaux registres auxquels doit recourir quiconque veut étudier dans ses sources l'histoire de la Commune de Montpellier; ils renferment, concurremment avec les cent trente-cinq cassettes et les trente-six tiroirs du grand Chartrier, les matériaux indispensables de cette histoire. Il faut y joindre certaines parties du Mémorial des Nobles, pour ce qui regarde les origines de la Commune sous les Guillems, le manuscrit de l'ancien Cérémonial consulaire, celui du Thalamus des ouvriers de la Commune-clôture, et quelques actes disséminés dans l'armoire dorée. Ce n'est qu'après avoir déchiffré tout cela, qu'après s'être nourri de la substance de ces vieux documents, et avoir respiré, par surcroît, leur poussière, qu'on peut reconstruire scientifiquement l'édi– fice de l'ancienne Commune de Montpellier. Quelque pénible que soit ce travail de reconstruction, nous n'avons pas craint de l'entreprendre, et nous allons en soumettre au lecteur le résultat. Nous le lui soumettrons avec toute la conscience qui a présidé à nos recherches, heureux de pouvoir payer ainsi notre tribut de gratitude à une ville que nous aimons comme une seconde patrie. La richesse presque unique des Archives municipales de Montpellier ne nous a pas empêché, du reste, de fouiller partout ailleurs. Les manuscrits, soit de la Bibliothèque Nationale, soit des Archives Nationales de Paris, et ceux des Archives départementales de l'Hérault, nous ont fourni divers documents. Le Cartulaire 22 de la Bibliothèque Nationale, par exemple, qui n'est, malgré son titre, qu'un des anciens Thalamus montpelliérains transporté là, on ne sait ni quand ni comment, nous a procuré plusieurs pièces du plus haut intérêt. Aucun registre ne le lui dispute en importance pour les vieux règlements de nos corporations industrielles, et sa chronique est infiniment plus complète que ne l'est celle des autres recueils du même genre. Il est regrettable que les éditeurs du Petit Thalamus n'aient pas eu connaissance de ce précieux manuscrit, dont Raynouard a fait un si grand usage pour son Lexique. Ils y auraient trouvé des matériaux jusqu'ici peu connus, auxquels ils n'eussent pas manqué d'assigner une place, ne fût ce que sous forme d'appendice. Nous ne saurions trop recommander ce cartulaire à l'attention de quiconque voudrait publier une seconde édition du Petit Thalamus. Nous conseillerions aussi, en pareil cas, de tenir un peu plus compte que ne l'ont fait les auteurs de la première, du manuscrit sur deux colonnes, en caractères minuscules, provenant du fonds Joubert, et coté à la même Bibliothèque Supplément français 42, quoique ne renfermant en réalité pas un mot de français. Il y a là, sinon des documents nouveaux, du moins des textes romans en plus grand nombre que n'en offrent les deux manuscrits du Petit Thalamus conservés, soit dans nos Archives municipales, soit à la Bibliothèque de notre Faculté de médecine. Pour ce qui est des Archives départementales de l'Hérault, une des mines les plus fécondes qui se présentaient à notre exploration, nous y avons analysé avec fruit la Collection inédite de D. Pacotte, le recueil des Lettres patentes de la Sénéchaussée de Nimes, et les six volumes du Cartulaire de Maguelone. Ce dernier nous a principalement servi pour la partie religieuse de notre travail. Cette partie devra également quelques textes à l'ancien Bullaire de Maguelone, au registre des Lettres royaux concernant l'Évêché de Maguelone, et au Livre des priviléges du Chapitre de Maguelone. Pour la partie scientifique proprement dite, afférente à l'histoire de nos anciennes écoles, nous avons consulté utilement le Livre des priviléges de l'Université de médecine de Montpellier, déposé depuis une soixantaine d'années aux Archives de l'Hérault, et le Livre des Recteurs, relatif à notre Université de droit, que M. le conseiller de Massilian a bien voulu, avec son obligeance habituelle, mettre à notre disposition. Telles sont les principales sources manuscrites de l'Histoire de la Commune de Montpellier. Quant aux sources imprimées, elles sont beaucoup plus restreintes. On ne peut guère citer en ce genre, après l'ouvrage de d'Aigrefeuille, que les Publications de notre Société archéologique. Car l'Histoire générale de Languedoc des Bénédictins consacre à peine çà et là quelques pages à la Commune objet de nos études, et encore s'y préoccupe-t-elle infiniment plus des seigneurs que de la Commune elle-même. Il en est à peu près ainsi, sous d'autres rapports, de Gariel et d'Astruc, dans leurs recherches respectives sur les évêques de Maguelone et sur la Faculté de médecine de Montpellier. La Société archéologique de Montpellier, la première, a compris 1 Nous saisirons cette occasion pour remercier toutes les personnes qui, préposées à la garde des dépôts publics, ont bien voulu nous en faciliter l'accès et en mettre à notre portée les trésors. De ce nombre sont : à Paris, le savant directeur de la Bibliothèque Nationale M. Naudet et l'excellent M. Claude, toujours si complaisant pour en communiquer les manuscrits, notre ancien maître M. Michelet, chef de la Section historique aux Archives Nationales, et MM. Dessalles et de Stadler des mêmes archives; - à Montpellier, MM. Thomas et Desmazes, archivistes de la Préfecture et de la Mairie, et MM. les bibliothécaires Blanc et Kühnholtz. Qu'ils agréent les uns et les autres l'expression de notre vive reconnaissance. |