DE LA VILLE D'AIX-LES-BAINS CHAPITRE PREMIER Origine des municipalités dans les villes de Savoie. La ville d'Aix au Moyen-Age et sous la Renaissance. Extrait des manuscrits du châtelain Domenget. Depuis un certain nombre d'années, l'étude de l'établissement du régime municipal en France a fait de grands progrès on possède maintenant sur cet événement important des notions précises, qui s'appuient sur des textes indiscutables. Après Augustin Thierry qui avait tracé la route, sont venus des savants qui ont recherché les causes de ce mouvement communal dans les différentes régions de la France. Disons avant d'aller plus loin que sous la domination romaine les villes étaient déjà administrées par des corps municipaux appelés curiæ, et que l'on appelait curiales les membres de ces corps qui étaient nombreux. Les possessores acquenses, que l'on retrouve sur les inscriptions lapidaires découvertes à Aix, étaient très probablement des membres de la corporation municipale qui administrait IV SERIE. TOME VIII. - 1. alors la ville, car le véritable sens du mot possessores, sur lequel on a beaucoup disserté, serait synonyme de celui que représente le mot curiales, si l'on en croit un savant archéologue, M. Bourquelot, membre de la Société des Antiquaires de France'. L'organisation municipale romaine, dans nos contrées, fit place au Ve siècle, dit M. Guizot, au régime municipal ecclésiastique : « Si l'on ouvre, dit-il, le code Théodosien, ou le code « Justinien, on y trouve un grand nombre de dispositions « qui remettent les affaires municipales au Clergé. Plus << tard, cette espèce d'organisation municipale, qui fut une « conséquence du triomphe du catholicisme sur le paga<<nisme, et du désordre jeté dans l'empire romain parl’inva<«sion des Visigoths, sombra à son tour, par suite de nouvelles <<< invasions barbares. » Les dernières recherches faites à l'Ecole des hautes études, sous la direction de M. Givry, ont montré d'une façon irrécusable que toute trace des institutions romaines et ecclésiastiques avait disparu au XII siècle, par suite des invasions qui avaient détruit les villes, ou simplement par les métamorphoses du temps et des événements. L'affranchissement des communes remonte donc en France au règne de Louis-le-Gros (1113-1137). C'est à tort que M. Augustin Thierry donne pour cause de ce mouvement un certain reste de liberté et de coutumes provenant des municipes de l'époque gallo-romaine, et que M. Raynouard, dans son Histoire du droit municipal, partage son opinion. L'établissement des communes ne fut pas non plus le résultat de la révolte des habitants des villes contre leurs seigneurs, afin de conquérir la liberté, car, 1 Inscriptions antiques de Luxeuil et d'Aix-les-Bains. Hist. de la Civilisation en Europe, p. 22. |