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DON MIN

PRÉFACE.

Dans la séance du 28 décembre 1858, la Société Eduenne avait voté l'impression des différents cartulaires de la Cathédrale, de l'Evêché, des abbayes de Saint-Andoche et de Saint-Jean et du prieuré de Saint-Symphorien, qui contiennent la portion la plus ancienne et la plus précieuse de l'histoire de l'Autunois (1). Mais le départ de l'homme éminent qui présidait alors la Société et qui devait être le chef expérimenté de cette publication, ajourna et suspendit longtemps l'effet de cette décision (2). Depuis, l'exécution de ce projet a pu être reprise, sinon dans d'égales conditions de succès et de perfection, au moins avec la certitude d'un prompt et entier achèvement.

Dans cette COLLECTION DE DOCUMENTS INÉDÍTS SUR L'Histoire de L'AUTUNOIS, que la Société Eduenne se propose de mettre successivement au jour, il a paru juste de donner le premier rang au Cartulaire de l'Eglise d'Autun, qui se recommande plus spécialement à l'attention par son étendue, l'importance et l'âge des pièces qu'il renferme.

On n'a pu suivre l'usage commun d'ajouter au titre le nom du saint patron de

(1) Le Cartulaire de Saint-Martin avait été publié par M. Bulliot, à la suite de l'Histoire de cette abbaye. Publication de la Société Eduenne, 2 vol. in-8. Autun, 1849.

(2) Mgr Devoucoux, alors vicaire général du diocèse d'Autun, élevé peu de temps après au siège épiscopal d'Evreux.

a

l'Eglise d'Autun; en effet, le Chapitre étant à la fois attaché au service de deux basiliques, il avait toujours paru, dans tous les temps, plus simple et plus rapide de les désigner sous le nom collectif d'Ecclesia Eduensis, plutôt que d'énumérer leur vocable respectif de Saint-Nazaire et Saint-Celse, et de Saint-Lazare. On observera même que le nom des saints patrons n'est que très rarement et très exceptionellement exprimé dans nos chartes.

Les titres de l'Eglise d'Autun furent réunis deux fois en forme de cartulaire. La première transcription, qui eut lieu vers 1140, comprenait seulement cinquante chartes. Elle n'existe plus aujourd'hui, mais on a pu la rétablir dans toute son intégrité au moyen d'un manuscrit de Baluze, qui donne l'ordre des pièces dont se composait le Cartulaire, le texte exact de celles qui étaient inédites, et l'indication des ouvrages où les autres se trouvaient rapportées (1). Sur les cinquante chartes, appartenant à l'espace compris entre le septième et le douzième siècle, que renfermait ce premier Cartulaire, quarante avaient été déjà publiées isolément par D. Bouquet, Baluze, Labbe, d'Achery, Du Chesne, Le Cointe, Mabillon, Pérard, les auteurs du Gallia Christiana, D. Plancher, Munier, Gagnare, selon les besoins particuliers de ces auteurs. Il fallait, on le voit, recourir à plus de dix ouvrages différents pour les retrouver. On les rencontrera toutes réunies ici pour la première fois; en outre, l'examen attentif des originaux encore existants et des copies de Baluze a permis d'apporter de notables corrections aux textes déjà connus. La publication de ce Cartulaire forme la première partie de notre travail.

L'ordre de la plupart des documents de cette nature, on le sait, n'est pas établi d'après la chronologie des chartes; on pourrait plutôt le croire fixé selon l'importance des pièces : présentant d'abord les bulles des souverains-pontifes et les diplômes des rois relatifs à l'universalité des privilèges et des possessions d'une église ou d'un monastère, puis les actes se rapportant à un objet déterminé, groupés ensemble. Telle est au moins la disposition que paraît présenter le Cartulaire (2). Quelque peu avantageux que cet ordre soit pour l'étude, il n'a cependant pas paru à propos de le modifier pour l'approprier à un goût capricieux et sujet au changement. On retrouvera donc l'ancien Cartulaire reproduit ici selon l'ordre dans lequel il a été rédigé au douzième siècle et dans lequel Baluze l'a trouvé au dix-septième.

Les titres de l'Eglise d'Autun furent réunis une deuxième fois dans le courant du quinzième siècle. On peut vraisemblablement placer cette seconde transcription

(1) Bibliothèque Impériale, armoires de Baluze, tome LXXI.

(2) Le Cartulaire de l'Évêché d'Autun, celui

de Saint-Vincent de Chalon, d'autres encore, sont conçus sur ce même plan.

sous l'épiscopat du cardinal Rolin, pendant lequel les titres d'un grand nombre d'établissements religieux furent renouvelés. Les Rolin se montrèrent toujours grands amateurs des cartulaires, des terriers et autres documents analogues, propres à maintenir l'intégrité des fiefs et des bénéfices dont ils étaient si abondamment pourvus. C'est d'ailleurs à cette époque, et par les soins du cardinal, que les cartulaires de l'Évêché d'Autun et de l'abbaye de Saint-Martin furent exécutés.

Cette seconde transcription contenait tous les titres de l'Eglise d'Autun jusqu'au quinzième siècle. Elle a disparu comme la première. S'il ne nous a pas été donné de la découvrir, on a pu cependant la reconstituer, sinon dans sa forme primitive, au moins dans son ensemble, au moyen des chartes originales ou de copies authentiques conservées, les unes à Autun, les autres à Dijon. Cet essai de restitution que l'abondance des pièces n'a pas permis, pour ce premier volume, de conduire plus loin que le seuil du quatorzième siècle, forme la deuxième partie de notre travail. Il se compose de cent soixante-dix-sept chartes, auxquelles dix-huit, retrouvées pendant l'impression, ont été ajoutées en supplément, ce qui, avec les cinquante de la première partie, présente un total de deux cent quarante-cinq pièces. Sur ce nombre, quarante appartenant à l'ancien Cartulaire et dix seulement au second avaient été déjà publiées avec plus ou moins de correction: cent quatre-vingt-quinze sont donc données pour la première fois; vingt-huit ont été transcrites sur des textes imprimés, trente-deux d'après des copies, cent quatre-vingt-cinq d'après les actes originaux. C'est à l'époque de la Révolution qu'on peut fixer la destruction de quelques-uns de ces actes originaux dont l'existence fut souvent invoquée pendant le moyen âge c'est ainsi que dans le procès que l'Eglise d'Autun soutint, en 1282, contre Robert II, duc de Bourgogne, les chanoines produisirent l'original d'un diplôme de Charles-le-Chauve, de l'année 850 (1), et d'une importante charte du duc Hugues III (2); on voit aussi, par le passage suivant d'un registre de la chambre des comptes, pour l'année 1377, que le Chapitre possédait encore à cette époque le document célèbre connu sous le nom de Testament de saint Léger, dont une copie fut produite à l'occasion d'un procès contre les religieux de St-Léonard de Corbigny :

«

Item, domino Guillelmo Bronderii, pro copia testamenti sancti Leodgarii missa Parisiis in hac causa..... dimidium grossum. » (3)

(1) V.

p. 238.

(2) V. p. 242.

(3) Arch. de la ville d'Autun.

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